La vitesse, son histoire, ses effets et ses risques
- Solène
- 18 avr. 2019
- 7 min de lecture
Si je vous parle de la vitesse sur la route, je pense que la première chose qui vous vient à l'esprit c'est la limitation, non?
Avant de parler de la limitation de la vitesse, je vous propose de remonter le temps, puisque tout a commencé à la fin du XIXème siècle...

Retour sur l'histoire de la vitesse en France
La 1ère loi concernant la limitation de vitesse date donc de la fin du XIXème siècle, suite à l’apparition des premières voitures de série.
La première loi nationale mise en application en 1922 sur tout le territoire limite la vitesse à 30km/h en rase campagne et à 20km/h en agglomération.
Suite à cela, ces limitations ont été supprimées par les pouvoirs publics, car très vite, elles n'étaient plus adaptées aux performances des nouveaux véhicules. Donc tous les véhicules (sauf les poids lourds qui avaient alors une limitation spécifique) pouvaient rouler sans limite !!!
On commence à recenser le nombre de tués sur les routes au début des années 60, ce qui a permis de se rendre compte d’une constante augmentation de ce chiffre :

Le record historique du nombre de tués a été atteint en 1972 avec 18034 morts. La situation est critique et de nombreuses lois sont créées et appliquées, avec entre autre le retour des limitations, accompagnées d’autres lois (comme le contrôle de l’alcoolémie, le port de la ceinture etc.) pour faire baisser ces chiffres alarmants.
Depuis 1972 le nombre de tuées sur les routes a (heureusement !) diminué de près de 80%, puisque en 2018 on compte 3259 tués en France par an, ce chiffre étant plutôt stable depuis les 5 dernières années.
La vitesse est depuis des années un facteur d'accident surreprésentés dans les chiffres de la sécurité routière.

Les limitations de vitesse

On estime qu'environ 900 vies pourraient être sauvées chaque année si toutes les limitations de vitesse avaient été bien respectées.
Il faut garder à l'esprit que rouler moins vite permet :
- de se fatiguer moins vite
- donc d'être plus vigilant
- d'avoir un champs visuel plus large
- d'économiser du carburant (10km/h en moins, c'est 3 à 5 litres de carburant économisés!)
- de diminuer la pollution
- de réduire la distance d'arrêt (vitesse X2 = distance de freinage X4)
- de réduire la violence d'un choc en cas d'accident
La vitesse excessive et le comportement
Un conducteur se doit de toujours rester maître de son véhicule. Cela signifie, bien sûr, de respecter les limitations de vitesse, mais aussi d'adapter sa vitesse aux circonstances.
On parle d'une vitesse excessive lorsqu’un conducteur roule trop vite, non pas par rapport à la limitation de vitesse, mais par rapport à une situation donnée.

Beaucoup de facteurs peuvent nous faire ralentir, non pas pour se conformer à la loi, mais tout simplement par logique.
Parmi ces situations nous pouvons par exemple citer :
- le manque de visibilité (l’approche d'un sommet de côte, d'un virage)
- dans les descentes rapides
- si la route est glissante (verglas, huile sur la route...) ou en mauvais état
- en cas d'intempéries (pluie, neige ou vent)
- par temps de brouillard (si on a une visibilité inférieure à 50m, on ne doit pas dépasser 50km/h, peut importe le type de route)
- à l'approche des intersections quand la visibilité est mauvaise
- sur les routes étroites, encombrées ou ou bordées d'habitations
- en ville, notamment en présence d'usagers vulnérables comme les cyclistes et les piétons
- du différentiel de vitesse possible avec d'autres usagers
- plus généralement si l'on détecte quelque chose d'inhabituel
- l'état du conducteur : la fatigue, l'anxiété, l'humeur etc nécessitent souvent de lever le pied
Mais une vitesse trop faible peut également être dangereuse!
Par exemple en roulant à 70km/h sur une section de voie rapide limitée à 110km/h, cela serait très dangereux puisque ça surprendrait et gênerait beaucoup les autres usagers, si on doit rouler à cette allure il faut bien signaler son véhicule avec les feux de détresse.
On adapte donc l'allure en fonction de la configuration des lieux, avec logique et sécurité!
Les effets de la vitesse sur le champs visuel et sur la fatigue
Les limitations de vitesse ont été fixées à partir de l'observation des limites de l'être humain et des lois physiques.
Plus la vitesse augmente plus le champs visuel se réduit. A grande vitesse il se limite à une vision centrale de la route, ce qu'on appelle une vision en couloir : tout ce qui est sur le côté n'est pas vu.

De plus rouler vite fatigue plus, car cela oblige le conducteur à traiter un grand nombre d'informations en un minimum de temps et à adapter sa vision. Il faut savoir que le cerveau ne peut traiter que 5 à 7 informations maximum par seconde. Lorsqu'on conduit c'est des dizaines d'informations qui arrivent au cerveau, il doit alors faire très rapidement le tri. Plus on roule vite et plus ce tri est difficile, avec le risque de laisser de côté des infos primordiales.
La vitesse peut induire un stress qui entraîne fatigue et perte de vigilance, deux facteurs importants d'accidents.
Avec une vitesse excessive, le cerveau n'a pas le temps d'analyser correctement une situation, bon nombre d'accidents résultent de ce "manque de temps", d'où la nécessité d'évaluer en permanence son allure et sa distance d'arrêt, et de maintenir une distance de sécurité suffisante.
Rapport entre la vitesse et la distance d'arrêt
En salle de code, on parle souvent du temps de réaction, de la distance de freinage, la distance d'arrêt, et de sécurité. J'écrirai un article consacré à ces distances, mais d'ici là on va revoir rapidement la définition de ces termes :
Le temps de réaction : c’est le temps qui s’écoule entre la perception d’un signal ou d’un événement, et le moment où l’on réagit. Par exemple si je vois un obstacle sur la route, je vais analyser la situation jusqu’à prendre ma décision : freiner. C’est ça le temps de réaction, toute l’analyse qui va de la perception à l’action.
La distance de freinage : elle suit le temps de réaction, c’est la distance que l’on parcourt entre le moment où on appuie sur le frein jusqu’à l’arrêt total du véhicule.

La distance d’arrêt = le temps de réaction + la distance de freinage
C’est donc la distance parcourue entre la détection d’un obstacle jusqu'à l’arrêt complet du véhicule.

Cette distance est bien sûr directement liée à la vitesse puisqu'elle augmente en fonction de notre allure.
Par exemple elle sera :
-d'environ 25m si je roule à 50km/h
-d'environ 100m si je roule à 100km/h
En doublant la vitesse, la distance d'arrêt est multipliée par 4!
La force centrifuge
Quand on prend un virage, le véhicule subit la force centrifuge : c’est elle qui pousse le véhicule vers l'extérieur dans les virages.

Plus on va vite et plus on ressent cette force, elle dépend donc de la vitesse à laquelle on roule : si la vitesse est multipliée par deux, la force centrifuge est multipliée par quatre! Elle dépend également du rayon du virage (plus le virage est serré, plus la force centrifuge augmente) et de la masse du véhicule.
C’est pour cela qu’il faut ralentir avant de prendre un virage pour ne pas être déporté en dehors de la voie de circulation, pour ne pas déraper, et pour éviter que le véhicule ne se retourne.

Une bonne adhérence au sol facilite la prise des virages, mais plus la vitesse augmente plus le risque de dérapage devient important. Et en plus de la vitesse, le risque de dérapage augmente aussi sur une chaussée glissante (en cas de pluie, de verglas…), si les pneus sont sous-gonflés, si les amortisseurs sont en mauvais état, si on place le chargement en hauteur, en agissant brutalement sur les commandes (coup de volant)…
Les nouvelles technologies telles que l’ABS ou l’ESP aident le conducteur en cas de perte de trajectoire mais elles ne peuvent pas défier les lois de la physique.
L'énergie cinétique
L'énergie cinétique, c'est ce qui permet à un véhicule de continuer à avancer, même lorsqu'on n'accélère plus : c'est l'énergie accumulée par la vitesse du véhicule.
En règle générale, cette énergie est dissipée par le freinage, et en cas de choc, elle est dissipée par la déformation du véhicule.
L’énergie cinétique augmente avec le carré de la vitesse :
Vitesse x 2 = Energie cinétique x 4
Le corps emmagasine de l'énergie lorsqu’on se déplace, on peut comparer cette énergie au poids que le corps supporterait.
Si vous deviez stopper votre corps instantanément :
À 30 km/h, vous supporteriez l'équivalent de 3 fois votre poids
À 50 km/h, vous supporteriez 10 fois votre poids d'origine
A 90km/h, Ce serait 30 fois votre poids
Et notre corps humain a ses limites de résistance, en cas de choc violent, les organes sont projetés contre les parois du corps, ce qui peut créer de très graves lésions, comme dit plus haut, les crash test de chocs frontaux sont réalisés à une vitesse de 64km/h maximum, car au-delà le corps ne résiste pas.
C'est pour cette raison que la vitesse est toujours un facteur aggravant en cas d’accident.
Pour se faire une idée, nn choc à 50 km par heure correspond à la violence d'une chute du 3e étage d'un immeuble, soit environ 10 mètres.
Contrôles et Sanctions
Le contrôle de la vitesse a été renforcé ces dernières années par la procédure d'automatisation depuis l'identification du véhicule jusqu'à la verbalisation. Le radar classique : Le véhicule en infraction est identifié par son immatriculation et le procès-verbal est envoyé automatiquement au propriétaire.

Il existe également des radars tronçons : ce sont plusieurs radars successifs qui mesurent la vitesse moyenne pratiquée sur une portion de route ou d’autoroute, ces radars tronçons permettent d'éviter ce qu'on appelle l'effet accordéon : les ralentissements suivis d’accélération des conducteurs à l'approche des radars.
Enfin, des radars pédagogiques informent de la vitesse réelle à l'approche des secteurs surveiller, ils permettent d'attirer l'attention des conducteurs sur leur vitesse, de manière à les encourager respecter l'allure réglementée.
Grâce à ses contrôle de vitesse, on estime que celle-ci a diminué d'environ 10 km/h sur l'ensemble du réseau routier et autoroutier, et que le nombre de tués sur les routes a diminué de près de 40 % depuis 2003.
Voici les infractions du code de la route relatives à la vitesse :

En conclusion, la vitesse est l’une des principales causes de mortalité en France.
Pour une avoir une conduite sûre, il faut tenir compte de ses propres capacités et des lois physiques, en adaptant son allure en fonction de l’environnement (état de la chaussé, usagers présents aux alentour, intempéries…), de son véhicule (état général, chargement, puissance…) et de son état (fatigue, stress, anxiété…). Et par le respect de la réglementation.
De trop nombreux conducteurs défient les lois (que ce soit les lois physiques ou la réglementation) et leurs propres capacités, ce qui peut conduire a des conséquences dramatiques en cas d’accident de la route.
Limiter sa vitesse, c’est augmenter la sécurité de chacun !
à très vite, et en attendant, prenez soin de vous, et des autres!
Solène V.
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